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Ma réaction à une vidéo pas très juste.

Ces derniers jours, on m’a demandé pourquoi je n’avais pas encore réagi à la vidéo de Micode sur le no-code.

Pour celles et ceux qui n’en ont pas entendu parler, il s’agit d’une vidéo qui présente le no-code comme “un piège pour les startups”.

J'ai préféré prendre le temps de digérer et y réfléchir un peu, plutôt que de réagir à chaud.

Voici donc mon analyse, mais aussi mon ressenti, car je suis à la fois :

  • un peu attristé et étonné (mais pas forcément pour les raisons qu’on pourrait penser)
  • carrément saoulé et énervé (mais pas forcément contre qui on pourrait le penser).

Je ne reviendrai pas sur les aspects techniques et les réponses point par point de la vidéo, car il y a déjà eu plusieurs réponses pertinentes de ce que j’en ai vu, et je vous les mets toutes à la fin de l’article.

Et si vous voulez soutenir ou commenter ce papier aux accents de manifeste, vous pouvez le faire sur mon post LinkedIn correspondant.

1/ Ce qui m'attriste 😔

D'abord, je suis attristé que des visions réductrices - voire caricaturales - du no-code continuent à biaiser le réelle intérêt de la programmation visuelle.

Alors même que nous militons avec Contournement depuis des années pour faire du no-code un milieu sain, réaliste, pragmatique et non-mensonger.

Comme le fait aussi la communauté No-code France, en tant que centre névralgique d’accueil et d’information pour celles et ceux qui viennent faire leurs premiers pas dans le no-code.

Car oui, depuis 2019, on a de cesse de marteler des messages simples :

  • Non, les outils no-code ne sont pas magiques (pour commencer).
  • Non, tous les outils no-code ne se valent pas - et n’ont pas la même puissance, ni les mêmes spécialités.
  • Non, les outils avancés ne sont pas faciles à prendre en main pour des profils non-techniques.
  • Oui, certains outils sont beaucoup plus accessibles, et permettent réellement à des personnes sans compétences informatiques mettre en place des premières briques utilisables au bout de quelques jours - voire de quelques heures - de prise en main.
  • Et oui : même avec ces outils accessibles, il faut être réaliste. Rien n'est télépathique : il faut se former, et acquérir un minimum de méthode.

Et surtout : le véritable enjeu du no-code n'est pas de "lancer des produits complexes de start-ups pour pas cher". C'est plutôt d'améliorer votre quotidien professionnel, en réduisant notamment de manière drastique des inefficiences crasse dans le travail moderne, comme :

  • gérer ses données et informations avec Excel à longueur de journée
  • gérer la plupart des interactions par e-mail
  • être contraints par des gros logiciels monolithiques, et non-flexibles, à des dizaines de clics pour réalise des actions simples
  • s'épuiser dans des tâches répétitives et à faible valeur ajoutée

Car oui, le no-code, ça permet de se créer des outils personnalisés, mieux adaptés à ses besoins, même à travers des usages pas tout de suite très avancés techniquement.

Quelques exemples concrets :

  • dans Airtable ou TimeTonic, utiliser correctement les types, les vues et les relations rend déjà d'immenses services par rapport à des Excel qui ne sont pas conçus pour ça.
  • dans Zapier ou Make, créer quelques automatisations simples qui vous font gagner 5 minutes dix fois par semaine change déjà le quotidien.
  • dans Notion, mettre en place un espace bien organisé est infiniment plus efficace que d'avoir des documents éparpillés à droite à gauche, et d'envoyer de multiples mails pour collaborer.

Ces améliorations ne nécessitent pas des compétences techniques pointues. Juste un peu de formation et de méthode. Et les bénéfices sont immédiats pour votre productivité quotidienne.

2/ Ce qui m’étonne 🤔

Ce qui m'étonne, c'est que des profils techniques se limitent aux préjugés et visions caricaturales adressés ci-dessus - jusqu’à commettre des erreurs de débutant·es.

Il n’y a pas besoin de se renseigner très longtemps pour comprendre qu'avec Softr, on ne peut pas faire des grosses applis, et ****qu’on ne va pas pouvoir avoir autant de flexibilité qu’avec un Weweb + Xano, par exemple.

Je suis clairement étonné que des personnes techniques tombent dans ce type de piège aussi facilement.

Et je suis tout aussi étonné de voir que subsistent ces non-débats péremptoires en mode “le no-code c’est nul”, que je pensais être éteints au profit d’une utilisation pragmatique et astucieuse par des développeur·ses aguerri·es (car cette catégorie, on la croise de plus en plus).

Une preuve de plus que pour pouvoir bien se faire une idée sur une technologie ou un sujet, il faut bien le connaître, afin de ne pas tomber dans l’alimentation de lieux communs ou de raccourcis. Et ce même quand on est expert d’une thématique proche, connexe - ou plus complexe.

3/ Ce qui m'énerve 😤

Par contre, ce qui m'énerve, ce ne sont pas forcément les protagonistes de cette vidéo.

Pour ma part, je mets ça sur le compte d’un manque d’approfondissement du sujet - ou peut-être d’une petite volonté de faire le buzz par un angle un peu forcé ? Un peu plus énervant si c’est le cas, mais allez : on va dire que les temps sont durs pour faire la diff dans le Youtube game, et qu’on peut entendre, à la limite 😉

Non, ce qui m’énerve vraiment, c'est qu’il y a fort à parier que beaucoup de développeur·ses voient le no-code d'un mauvais œil précisément parce qu'on entend plein de bêtises, plein de messages mensongers, plein de promesses irréalistes.

Ce qui m'énerve profondément, c'est tout cet opportunisme latent, ce sensationnalisme omniprésent, et ces messages trompeurs qu’on entend de plus, en parallèle de l’adoption croissante du no-code.

Et l'IA générative charrie le même flot de charlatans, soit dit en passant.

Ces discours desservent :

  • L'opportunité réelle que représentent ces outils pour les non-technicien/nes - car ça crée des déceptions.
  • notamment chez les TPE/PME, les associations, et les équipes sans ressources techniques, qui sont d’autant plus vulnérables qu’elles n’ont souvent pas les ressources pour poser les bonnes questions.
  • chez les personnes en recherche d'emploi aussi**, qui peuvent peuvent vivre d’autant plus mal un échec que la promesse était démesurée.** Surtout quand on fait porter la responsabilité de l’échec à l’individu plutôt qu’à un objectif irréaliste, en mode “c’est parce que tu n’es pas assez déterminé·e”.

4/ Et maintenant ?🤝

La bonne idée, selon moi, serait peut-être d'organiser un live avec les personnes concernées pour en discuter.

Non pas pour confronter et antagoniser.

Mais plutôt pour trouver des points de convergence et d'alliance entre personnes qui savent de quoi elles parlent, tant techniquement qu’en termes d’usages.

Afin que pour que le no-code soit adopté pour les bonnes raisons, et demeure un milieu vraiment démocratique, et safe pour des néo-arrivant/es.

Sous le signe de la probité technique et de l’honnêteté intellectuelle, que la grande famille de la programmation - qu’elle soit visuelle ou codée -, a tout intérêt à protéger contre les assauts des opportunismes mal placés.

Ce serait dommage que le no-code connaisse le même destin que les hackathons, qui sont un formidable format, mais dont la crédibilité a été essorée par un effet de mode dans les années 2010, avec son lot de “hackathons pièges à cons” organisés par des vendeurs de vent.

Merci de m'avoir lu. L'odyssée continue, et nous poursuivrons notre mission guidée par quelques mots clefs :

⭐ réalisme

⭐ pragmatisme

⭐ honnêteté

⭐ démocratisation

⭐ autonomisation

⭐ encapacitation

⭐ optimisation de la productivité

⭐ abaissement de la pénibilité et de la charge mentale

⭐ bureautique de nouvelle génération

Ressources complémentaires 🔗

Déjà, la fameuse vidéo de Micode.

Et comme promis, quelques autres réponses et réactions qui ont eu lieu suite à la vidéo :

Notre livre sur le no-code est disponible !

Publié aux Éditions Eyrolles, ce livre se positionne comme une bonne introduction pour comprendre ce que sont les outils no-code et tous les phénomènes qui les entourent

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